L’Afrique n’a pas fini avec le cas Nigérien, avec sa CEDEAO qui peine à trouver un antibiotique à la taille de ses infections, que sa fille CEMAC, l’autre sœur de la CEDEAO, va devoir aussi se ruer dans son laboratoire pour s’atteler à sa toute nouvelle plaie : le Gabon.
À peine réélu avec 64% des voix, sur fond de coupure d’internet et d’imposition de couvre-feu, le Président Gabonais Ali Bongo vient d’être propulsé hors de son fauteuil par un certain « comité de transition et de restauration des institutions ». Il s’agit d’un groupe de militaires au sein duquel figurent des membres de la Garde Républicaine.
Ils ont annoncé il y a quelques heures à la télévision nationale gabonaise, l’annulation des élections dont les résultats ont été qualifiés de tronqués, la dissolution de toutes les institutions et la fermeture jusqu’à nouvel ordre des frontières, dénonçant « une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos ».
À qui le tour ?
On ne fait peut-être pas l’apologie de coups d’État en Afrique. Mais il est clair que tant qu’un dirigeant n’aura pas respecté le contrat qu’il a signé avec son peuple, il méritera qu’il lui soit rappelé qu’il n’a pas été élu sans ce peuple. Candidats, ils tiennent de baux discours, font des promesses mirobolantes, mais une fois installés, ils créent leur petite escarcelle bondée des leurs qu’ils enrichissent insolemment, appliquent des réformes qui essorent les citoyens, dont la plupart sont contraints de développer de la résilience, privés d’animer la contradiction par crainte de représailles.
Les prisons africaines débordent de ce type de geôliers. Quid des autres qui n’en pouvant plus, se donner la mort, à bout de stress, de dettes et de toutes sortes d’humiliations ? Et pourtant la démocratie n’est-elle pas définie comme le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ?
Le Gabon, aux mains de la dynastie Bongo depuis près de 60 ans, vient de crier son ras-le-bol. Pourvu que ce énième coup de force déplorable, serve de leçon aux autres valets de la France qui ont fait du mépris de leur peuple, leur politique. La liesse populaire ce matin, dans les rues de Libreville en dit long sur ce que ressentaient les gabonais.